Dès sa création en 1967, le Parc national s’est attaché à inventorier et suivre les populations de grands rapaces présents sur le territoire. Peu répandu sur le massif, le Vautour fauve était, pour l’essentiel, confiné sur le site qui deviendra en 1974, la Réserve naturelle nationale d'Ossau. Ce n’est qu’à partir des années 2000 qu’il essaime et s’installe plus largement sur le versant pyrénéen français. En 2012, le dernier comptage général de cette espèce recense 830 couples nicheurs dont 340 environ pour le seul Parc national. La population de la réserve et plus globalement de la vallée d’Ossau compte 140 couples. Cette colonie fait office de population de référence dans l’étude de ce rapace.
La réserve naturelle nationale d’Ossau comme espace de référence
La période de reproduction (décembre-septembre) est propice à l’inventaire et au suivi des couples nicheurs de vautours fauves. Les gardes-moniteurs du Parc national dénombrent les adultes, poussins et les jeunes à l’envol. Ce suivi annuel suffit pour définir les tendances démographiques de la population à court terme. Rendus publics lors des comités de gestion de la réserve naturelle, ils sont pris en référence pour la gestion de la faune sauvage dans les politiques locales de conservation au niveau du massif pyrénéen.
Afin d’aller plus avant dans le suivi de la population, le Parc national accompagne des programmes de recherche pilotés par le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier*.
- Un programme de baguage des poussins au nid est mise en œuvre sur le long terme. Depuis vingt-cinq ans, plus de 730 oiseaux ont été identifiés par une bague que les gardes-moniteurs, cordistes, apposent sur une patte du poussin âgé en moyenne de deux mois. Ce programme permet d’estimer le taux de survie des jeunes et des adultes.
- Dans le cadre de la thèse relative à l’analyse de l’exploitation spatio-temporelle des vautours fauves (Julie Fluhr « Evolution des stratégies individuelles et sociales de prospection alimentaire chez les vautours et conséquences sur les mesures de conservation des oiseaux nécrophages »), des balises GPS ont été fixées sur 26 vautours fauves. Ils livrent une quantité de données considérables. In fine, cette étude met en évidence que le Vautour fauve garde un comportement de recherche alimentaire sur un territoire entre Béarn et Pays basque, malgré la mise en place de placettes d'équarrissage en vallée d’Ossau.
… Ici éleveurs et vautours travaillent ensemble pour une montagne propre !
Par leur action de nettoyeur de la montagne, les vautours fauves remplissent la fonction d’agents sanitaires de la nature, évitant toute dispersion de germes et de maladies. Ils sont les alliés des éleveurs et du pastoralisme en éliminant les carcasses d’animaux morts en montagne.
En tant que référent local dans la gestion de l’espèce, le Parc national affiche depuis quelques années, sa volonté de mettre en place des placettes d’équarrissage à proximité des troupeaux redescendus d’estives. Réfléchies pour fixer les populations sur les massifs montagnards, elles permettent également d’encadrer et réglementer le dépôt de carcasses en moyenne montagne.
Alternatives naturelles aux enlèvements de cadavres réglementairement assurés par une entreprise en délégation de service public, en vue de leur incinération, elles sont une solution naturelle, rapide et gratuite, à l’élimination des animaux d'élevage morts.
A la demande des éleveurs, deux placettes d’équarrissage expérimentales ont été réalisées (Aste-Béon et Bielle-Bilhères) avec, en appui technique et financier, le Parc national. Leur fonctionnement est encadré par arrêté préfectoral.
Le suivi scientifique et l’expérimentation des placettes d’équarrissage entrent en conformité avec les recommandations du plan national d’actions (2017 – 2026) porté par la direction régionale de l’Environnement, de l’aménagement et du logement de Nouvelle Aquitaine, dont bénéficie le Vautour fauve.