Situé en zone Natura 2 000, en site classé et soumis à plusieurs autorisations administratives, le chantier d’envergure réalisé au Marcadau (Pont d'Espagne - Cauterets) se veut exemplaire dans sa mise en oeuvre.
Situé à 2h30 de marche du site d’accueil du Pont d’Espagne – Cauterets (Hautes-Pyrénées), le refuge Wallon – Marcadau enregistre la plus forte fréquentation du massif avec environ 8 000 nuitées par an.
Construit depuis 1910 par ajouts successifs de formes et de qualités variables, il souffrait de dysfonctionnements majeurs, d’un état de vétusté avancé et d’un manque total de confort.
Propriété de la Commission syndicale de la vallée de Saint-Savin, le refuge bénéficie d’un programme de restructuration et de réhabilitation et de la réalisation d’un captage d’eau réalisé en deux phases :
- Depuis mai 2020 : Travaux de restructuration et de réhabilitation du refuge Wallon-Marcadau
- Depuis septembre 2020 : réalisation d’une installation hydroélectrique permettant d’alimenter le refuge (prise d’eau, conduite et pico-centrale).
Le projet
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La réhabilitation du refuge Wallon - Marcadau
Mêlant approche historique et modernité, le projet de réhabilitation du refuge a fait l’objet d’un important travail sur les performances environnementales du bâtiment avec, entre autres :
• L’association de dispositifs bioclimatiques aux éco-matériaux ou matériaux biosourcés,
• La mise en place de toilettes sèches plutôt que des toilettes en eau pour économiser la ressource
• Des performances énergétiques axées sur l’isolation du bâtiment et des ressources renouvelables (pico-centrale, chauffage bois…)
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L’approvisionnement en eau du refuge depuis la source du Marcadau
Ces travaux consistent en :
- La mise en place d’une prise d’eau sur un ouvrage de captage au niveau de la source du col du Marcadau à 2 200 mètres d'altitude.
- L’installation d'une conduite enterrée sur une longueur de 2 550 mètres pour le double usage de fourniture d’eau potable et de production d’énergie,
- La construction d'un local technique pour l'organe de production d’énergie.
La traversée de différents milieux sensibles nécessite des précautions particulières de réalisation du chantier.
Porté par la Commission syndicale de la vallée de Saint-Savin, le budget prévisionnel du chantier avoisine les 7 millions d’euros, dont 67 % d’aides publiques (Europe, Etat FNADT, Etat MTES, Région Occitanie, Département des Hautes-Pyrénées, Agence de l’Eau Adour Garonne, Parc national des Pyrénées).
Une exemplarité environnementale
Afin de mener ce projet à bien avec un minimum d'impacts envoronnementaux, de nombreuses études environnementales ont été réalisées. Elles ont permis de définir des mesures appropriées de réalisation de ce chantier en milieux fragiles.
Compte tenu de l’importance des études notamment naturalistes, menées en amont de ce projet, le Parc national des Pyrénées a participé à leur financement sur ses crédits d’intervention à hauteur de 18 000 € (2017).
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Un comité de suivi environnemental
La complexité d’un tel chantier en haute montagne (absence de voie d’accès routière, gestion de la base-vie et réalisation des travaux dans le respect des protocoles sanitaires…), la complexité réglementaire du projet et de la nécessaire coordination des services de l’Etat et de ses établissements publics ainsi que l’enjeu de pouvoir être réactifs sur les nécessaires adaptations pour coller à la réalité « terrain », ont conduit à la création d'un comité de suivi environnemental.
Ses missions :
- Veiller à la bonne mise en place et à l’application de l’ensemble des mesures d’évitement, réduction, d’accompagnement et de compensation et de tous les suivis prescrits ;
- Valider les protocoles avant mise en oeuvre ;
- Accompagner le maître d’ouvrage techniquement et réglementairement dans les besoins d’adaptation des mesures et des modalités de réalisation du chantier.
Le comité de suivi environnemental s’est réuni avant le démarrage des travaux en janvier 2020, puis après le démarrage des travaux (en août du fait confinement). Le prochain rendez-vous est fixé en novembre puis tous les trois mois pendant la phase travaux.
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Des professionnels dédiés au suivi environnemental
En lien avec la sensibilité des milieux et espèces du site des travaux, de multiples mesures d’évitement, de réduction, de compensation et d’accompagnement des impacts environnementaux, tant en phase travaux qu’en phase d’exploitation, ont été prescrites de façon exemplaire.
Au titre des espèces protégées, un suivi naturaliste des impacts dans le temps a notamment été prescrit sur 30 ans.
Afin de veiller à l’efficacité du dispositif de suivi environnemental, ont été nommés :
- un coordinateur « Chantier vert » présent depuis la préparation du chantier jusqu’à sa livraison. Il a organisé l’accueil des entreprises et notamment l’information et la sensibilisation du personnel des entreprises aux enjeux environnementaux en lien avec le pilote environnemental.
- un pilote environnemental, garant de la mise en oeuvre des mesures et l’intégration des prescriptions par les entreprises et sous-traitants tout au long du projet.
Le surcoût lié à cette prescription exceptionnelle a été pris en charge par le Parc national des Pyrénées par le biais de ses crédits d’intervention, à hauteur de 17 625 € (2020).
Les agents du Parc national sont un appui au quotidien tant au niveau des suivis naturalistes (Bouquetins ibériques, zones de sensibilité majeure en période de reproduction des grands rapaces pour adapter les plans de vol...), qu'au niveau de la sensibilisation des entreprises de travaux aux enjeux naturalistes et aux prescriptions environnementales, au suivi de chantier (police)....
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Des mesures d’évitement, de réduction, de compensation, de suivi et d’accompagnement
Les prescriptions particulières liées aux enjeux naturalistes concernent autant la mise en oeuvre du chantier avant le démarrage des travaux, que pendant. Elles concernent autant le volet espèces que le volet milieux, habitats et paysages.
En voici quelques exemples :
- Mesures d’évitement
- Gestion exemplaire des déchets
- Identification des zones à enjeux naturalistes par piquetage en amont des travaux, en présence d’un agent du Parc national des Pyrénées ;
- Aménagement de l’aire de chantier pour éviter toute intrusion d’espèces faunistiques (clôture, protection amphibiens…) ;
Ainsi, pour exemple, des crépines et/ou clapets anti-retour sont installés sur les ouvrages de débit réservé (diamètre 30mm) et de vidange (diamètre 25mm) ainsi que sur toute extrémité de conduite de petit diamètre installée dans le périmètre, susceptible de constituer un piège pour le Desman des Pyrénées. Une grille à maille (5-10 mm) fine est installée au niveau de l’ouvrage de captage pour éviter tout impact sur un calotriton des Pyrénées.
- Adaptation du tracé de la conduite d'eau pour éviter les principaux enjeux naturalistes avec pour exemple, la mise en défens d’une zone de présence du Géranium cendré (Geranium cinereum) afin de l’éviter lors du passage de la conduite ou comme zone de dépôt de matériaux.
- Enlèvement des éventuelles espèces protégées présentes (amphibiens, reptiles…) ainsi la plupart des alytes et lézards ont été attrapés au début du chantier pour les mettre en sécurité.
- Adaptation des plans de vol des héliportages pour éviter :
les zones de sensibilité des grands rapaces pendant la période de leur reproduction et de l’élevage des jeunes,
les zones de présence des bouquetins ibériques, espèce potentiellement sensible au dérangement lié aux héliportages.
- Mesures de réduction
- Remise en place du couvert herbacé dès l’ensouillement de la canalisation, réalisée par tronçons ;
- Revégétalisation de la zone d’installation de chantier et du tracé de la conduite avec des semences locales prélevées sur des prairies de la zone: les semences de graminées sont collectées sur le plateau du Cayan avec dans un premier temps, une brosseuse tirée par un quad puis un tamis pour enlever les impuretés des semences.
- Mesures de compensation
- un ou plusieurs bouquetins seront achetés en vue d'une réintrodutcion en cas d’impacts indirects des héliportages (impacts sonores) occasionnés sur le taux de reproduction des animaux ;
- une zone dédiée à la sensibilisation sur les enjeux naturalistes sera mise en place dans le refuge;
- une mise en défens de zones humides est mise en place pour compenser les impacts de l’ensouillement de la canalisation sur le fonctionnement des milieux humides traversés.
- Mesures d’accompagnement
- Sensibilisation des entreprises de travaux aux enjeux naturalistes du site ;
- Suivi du débit de la source du Marcadau sur 5 années ;
- Suivis naturalistes des milieux (reconstitution des habitats sur l’ensemble de la zone chantier) et des espèces impactées sur 30 ans ; amphibiens, reptiles, entomofaune, avifaune; flore patrimoniale … Ainsi des protocoles de suivi des impacts possibles au niveau de l'érosion, la revégétalisation, les espèces animales et végétales sont mis en œuvre.