La forêt est une composante incontournable des paysages du Parc national des Pyrénées. Au-delà des différentes essences qui les composent, la présence actuelle des forêts dans le paysage est le fruit de centaines d’années de valorisation du territoire par l’Homme.
Ainsi, plusieurs types de forêts sont aujourd’hui identifiés de par leur histoire passée.
Forêts anciennes – forêts récentes
Un premier angle d’approche est leur ancienneté de l’état boisé. On distingue alors les forêts « anciennes » des forêts « récentes ».
De manière générale, la surface forestière évolue en fonction de l’activité agricole. La forêt est défrichée pour permettre une valorisation des terres pour l’élevage ou la culture. En France, le minimum forestier correspond à la moitié du XIXe siècle. Après, c’est la déprise agricole et la tendance s’inverse. La forêt regagne sur les terres agricoles.
Les forêts qui étaient ainsi présentes à la moitié du XIXe siècle sont qualifiées de forêt ancienne car elles n’ont pas subi de défrichement et d’usage du sol. On parle d’un état boisé continu dans le temps.
A contrario, les terres qui, initialement forestières, ont été défrichées jusqu’à la moitié du XIXe et qui suite à la déprise ont retrouvé un état boisé, sont qualifiées de forêt récente.
Cette identification est rendue possible à partir des cartes dressées à l’époque dont notamment la carte d’Etat-Major. En comparant cette carte avec les cartes des forêts actuelles, on peut identifier les noyaux de forêts anciennes.
Cette connaissance est importante pour comprendre un certain nombre d’éléments (composition en essences forestières, composition des communautés végétales en sous-bois).
En effet, les sols gardent en mémoire leurs usages passés. Si un sol aujourd’hui forestier a fait l’objet par le passé d’un usage agricole, sa structure et sa composition chimiques sont différentes de celle d’un sol ayant toujours été boisé. Les sols des forêts anciennes sont plus riches en matière organique et plus acides que ceux des forêts récentes, mais plus pauvres en phosphore et en azote.
Forêts jeunes – forêts matures
Cette notion d’ancienneté de l’état boisé ne préjuge par ailleurs pas de l’exploitation de la forêt. Le cycle de vie d’une forêt (cycle sylvogénétique) court sur plusieurs siècles (300-400 ans). L’exploitation des bois grève ainsi toute une partie du cycle de vie de l’arbre et donc de la forêt.
On parle alors de forêts jeunes ou matures. La présence d’arbres morts, debout ou au sol, d’arbres mal conformés, au très gros diamètre ou avec des défauts peu présents dans des forêts régulièrement exploitées pour la valorisation du bois, sont autant de micro habitats pour nombre d’espèces qui en dépendent dans les forêts matures. C’est le cas des espèces dites « saproxyliques » dont le cycle de vie dépend du bois mort. Ces espèces composent de 20 à 50 % de la biodiversité forestière.
Vieilles forêts
Depuis quelques années, le concept de « vieilles forêts » émerge. Ce sont des forêts où l’influence humaine est restée négligeable. Il s’agit de forêts anciennes ET matures dans lesquelles les dynamiques naturelles se sont exprimées pleinement à l’échelle du cycle de vie de la forêt. Elles constituent des réservoirs de biodiversité forestière ainsi que de véritables puits de carbone qu’il convient de préserver. Elles sont souvent recluses dans des secteurs de montagne peu accessibles qui les ont préservées de l’exploitation forestière au cours des derniers siècles.
Les caractéristiques d’une vieille forêt :
- l’âge des plus vieux arbres proche de la longévité naturelle ;
- la structure caractérisée par une stratification importante du couvert ;
- la diversité des essences ligneuses plus importante qu’en forêt exploitée ;
- le volume sur pied beaucoup plus important qu’en forêt exploitée ;
- la quantité notable de bois mort dans des états variés de décomposition ;
- la fréquence très importante de défauts sur les arbres.
Les sols gardent en mémoire leurs usages passés. Si un sol aujourd’hui forestier a fait l’objet par le passé d’un usage agricole, sa structure et sa composition chimiques sont différentes de celle d’un sol ayant toujours été boisé. Les sols des forêts anciennes sont plus riches en matière organique et plus acides que ceux des forêts récentes, mais plus pauvres en phosphore et en azote.
Le rôle des vieilles forêts :
- elles sont témoins du fonctionnement originel des forêts ;
- elles assurent la conservatoire des ressources génétiques ;
- elles sont réservoirs de biodiversité ;
- elles maintiennent les possibilités de séquestration du carbone.